Petite révolution dans les règles du luboboule : les créateurs du jeu ont, après mûre réflexion, décidé de modifier la règle des contre-jokers.
L’acharnement de deux joueurs contre un seul pourrait maintenant n’être plus tout à fait sans risque…
La nouvelle règle du contre-joker est la suivante :
Si un joueur est visé par deux contre-jokers et parvient à les contrer en prenant le point, les deux autres joueurs qui lui ont adressé ces contre-jokers perdront chacun 2 points au lieu de 1 seul dans l’ancienne règle.
Pour le reste rien ne change :
Si le joueur visé par deux contre-jokers ne prend pas le point, il perdra toujours 2 points.
Si un joueur n’est visé que par un contre-joker, il perdra toujours 1 point s’il ne prend pas le point et, s’il évite le contre-joker en prenant le point, l’auteur du contre-joker perdra toujours 1 point.
Dans la suite de cet article, vous trouverez des exemples illustrant tous les cas et des explications sur les raisons de cette réforme.
La professionnalisation de ce sport que l’on pourra bientôt qualifier de célèbre, voire d’illustre, a poussé les auteurs du luboboule à considérer ce vers quoi il tendra quand des compétitions de grande ampleur lui seront consacrées, quand on verra s’affronter des joueurs vraiment dénués de tous scrupules et seulement motivés par la victoire aux dépens de toutes autres considérations, ludique ou sportive.
Considérant le cas du contre-joker, ils en sont arrivés à la conclusion que celui-ci finira presque systématiquement par être utilisé par deux joueurs contre un troisième pour se mettre hors de sa portée et se départager ensuite tranquillement, à deux.
Cette éventualité est apparue d’autant plus évidente qu’en terme de probabilités, une telle stratégie ne laisserait que très peu de chances à celui qui en serait la cible.
En effet :
Un joueur visé par un contre-joker a une chance sur trois de l’emporter.
De plus, s’il est visé par deux contre-jokers, il perdra deux points s’il échoue, alors que ceux qui le visent n’en perdront qu’un s’il s’en sort.
Donc si un joueur est visé 6 fois par des « doubles » contre-jokers, il se sauvera deux fois et perdra quatre fois.
Il aura donc perdu 4 fois 2 points : – 8 points
Il aura gagné 2 fois 1 point : + 2 point
Le joueur visé par 6 « doubles » contre-jokers perdra donc en moyenne 6 points, soit 1 point par manche où il subit une double contre-joker.
Les joueurs l’ayant visé 6 fois par des contre-jokers simultanés, auront échoué 2 fois et réussi 4 fois.
Il auront donc perdu 2 fois chacun 1 point : – 2 points
Ils auront gagné 2 fois chacun 1 point : + 2 points
Les joueurs ayant joué ensemble 6 contre-jokers contre le troisième joueur auront, en moyenne, perdu autant de points qu’ils en auront gagné.
La conclusion est évidente : quand ils sont répétés, les contre-jokers « doublés » finissent par faire perdre à chaque fois 1 point au joueur visé sans rien coûter à ceux qui les lui adressent. Il deviendrait donc quasi impossible à un joueur que les deux autres auraient décidé d’éliminer de s’en sortir.
Une modification de la règle concernant les contre-jokers a donc été décidée.
Cette modification ne concerne que les contre-jokers doublés. Si un joueur n’est visé que par un contre-joker, la règle reste la même ; il perdra un point si un autre joueur que lui se place le plus près du lubonet et fera perdre un point au joueur lui ayant adressé le contre-joker si c’est lui qui se place le plus près.
Par contre, si ce joueur est visé par deux contre-jokers simultanés, les conséquences d’un échec seront plus importantes pour les deux autres joueurs qui le visent :
Comme c’est déjà le cas, le joueur visé perdra deux points s’il ne prend pas le point puisqu’il est visé par deux contre-jokers.
En revanche, s’il prend le point, les joueurs qui l’ont visé ne perdront pas seulement 1 point mais 2 points chacun.
Que se passera-t-il alors si le joueur visé par les deux autres réplique en adressant, lui-aussi, un contre-joker à l’un d’eux, se demande-t-on ?
Et bien c’est très simple. Dans un cas pareil, il y a un contre-joker doublé et un contre-joker « ordinaire », il convient donc de traiter les deux cas séparément.
Mais pour plus de clareté, prenons plutôt un exemple.
Victor Edouard Maximilien de la Grantillière du Pontharnais joue au luboboule avec Dédé son copain de bistrot et un gars qui passait par là et qui a bien voulu faire le troisième.
Victor Edouard Maximilien de la Grantillière du Pontharnais et Dédé son copain de bistrot décident de faire chacun un contre-joker contre le gars qui passait par là parce qu’ils veulent seulement jouer tous les deux et qu’ils n’ont accepté de jouer avec ce gars qui passait par là que parce qu’il fallait bien un troisième.
Le gars qui passait par là décide de ne pas se laisser faire et fait un contre-joker contre Dédé le copain de bistrot parce qu’il le trouve énervant avec ses grands airs un peu hautains.
Si Victor Edouard Maximilien de la Grantillière du Pontharnais prend le point :
- il marquera 1 point
- Dédé son copain de bistrot en perdra 1 parce qu’il était visé par le contre-joker du gars qui passait par là
- Le gars qui passait par là perdra 2 points parce qu’il était visé par 2 contre-jokers
Si Dédé le copain de bistrot prend le point :
- il marquera un point
- Victor Edouard Maximilien de la Grantillière du Pontharnais ne perdra ni ne marquera de point
- Le gars qui passait par là perdra 3 points : 2 points parce qu’il était visé par 2 contre-jokers et 1 point parce qu’il en a fait un contre celui qui a pris le point
Jusqu’ici, rien de nouveau.
Mais si le gars qui passait par là prend le point :
- Il marquera un point
- Victor Edouard Maximilien de la Grantillière du Pontharnais perdra 2 points parce que le joueur qu’il avait visé par son contre-joker a pris le point et qu’un autre joueur que lui l’avait également visé
- Dédé son copain de bistrot perdra 3 points : 2 points parce que le joueur qu’il avait visé par son contre-joker a pris le point et qu’un autre joueur que lui l’avait également visé et 1 point parce qu’il était visé par un contre-joker
Et voilà ! Une réforme par anticipation pour régler un problème qui allait finir par se poser un jour.
Baptiste le Lubomaître